Chants de la Passion à travers quatre siècles LW 16 avril 1992
Chants de la Passion à travers quatre siècles
Un concert de la chorale de St-Michel à Bettborn
Le dimanche des Rameaux, la chorale de la paroisse St-Michel de Luxembourg, très connue depuis des années pour ses interprétations soignées, avait choisi l'église de Bettborn pour l'exécution d'un concert de bienfaisance au profit d’une mission luxembourgeoise en Bolivie.
Le programme, réservé à des oeuvres pour le temps de la Passion, se composa d'une bonne dizaine de morceaux englobant plus de quatre siècles, judicieusement choisis dans l'important répertoire existant.
M. le curé Jos. Sauber présenta la chorale et adressa des mots de bienvenue aux choristes et aux nombreux auditeurs. La chorale, sous la direction de son chef Gerry Welter, entama son programme varié avec « Jesu Christe, Gotteslamm » d'A. de Cabezou (1500-1566).
D’emblée, nous étions impressionnés par la sonorité ronde et nette de cet ensemble à voix mixtes. L'équilibre sonore des voix était manifeste, ce qui se confirma durant tout le programme. L'emplacement des chanteurs entre le choeur et la nef créa un bon contact avec les auditeurs et contribua, certes, à l'excellent rendement acoustique.
Le passage net du forte au piano bien dosé, ainsi que des reprises en pianissimo, sont (entre autres) l'apanage d'une bonne chorale. Nous pouvions nous rendre compte de ces qualités dans le «Tenebrae factae sunt » de M.-A. Ingegneri (1545-1592). Les commentaires très instructifs de Laurent Willkomm tout au long du programme furent une aide appréciable.
H. Schütz, dont nous entendions «Ehre sei dir Christe», avec ses modulations multiples, donna surtout aux voix de femmes (dans le Kyrie-Christe eleison) l'occasion de monter jusqu'au sol aigu avec une parfaite aisance.
Une découverte fut le motet«Sub tuum praesidium» de J.D. Zelenka (1679-1745), compositeur tchèque d'une grande science d'écriture. Cette pièce en style fugué est aussi très expressive par l'emploi de quelques éléments chromatiques et arrive à des accents presque dramatiques avec «Libera, libera » entrecoupés de silences significatifs Une fugue entraînante arrive sur la belle coda finale «nos repraesenta ». Une oeuvre remarquable!
De F. Mendelssohn-Bartholdy (1809-1847) nous entendions le très recueillant motet «Herr, nun lässest du deinen Diener ». Cette pièce, qui illustre musicalement les paroles du prophète Siméon tenant l'enfant Jésus dans ses bras, est imprégnée d'un profond sentiment de piété et de joie intérieure.
Avec le célèbre «Christus factus est» de A. Bruckner (1824-1896), la chorale aborda encore un autre domaine pour terminer avec deux choeurs particulièrement bien choisis: «Treuer Heiland habe Dank» et surtout «Gehe hin in deine Kammer», avec l'affirmation d'une Résurrection dans la joie (M. Reger, 1873-1916).
Le programme fut agrémenté par des chorals pour orgue de G. Böhm, de J.-S. Bach et de J. Brahms, qu'Alain Wirth, titulaire à St-Michel, interpréta avec compétence à l'orgue de choeur (G. Westenfelder), petit instrument délicieux que nous eûmes le plaisir de découvrir à cette occasion.
De très nombreux auditeurs exprimèrent leur satisfaction par des applaudissements nourris et par leurs dons généreux en faveur de l'oeuvre du Père Ferdy Zenner, missionnaire en Bolivie.
Il nous reste à féliciter la chorale de St-Michel, son organiste et, surtout, son directeur Gerry Welter, pour ce beau concert, tout en les remerciant de leur geste altruiste.
Pierre Drauth