12.11.99 LW Requiem de G.Fauré
Bel hommage de la chorale St.Michel et de l'ensemble "Les musiciens" à Gabriel Fauré
La chorale St.Michel et l'ensemble "Les musiciens" rendaient un merveilleux hommage à Gabriel Fauré. Le programme consistait en une grande partie de l'oeuvre pour ensemble vocal du maître français, avec, en plat de résistance, son fameux Requiem. Mais procédons pas à pas...En introduction, voilà le "Sancta mater" pour soprano et ténor soli et choeur mixte. Les voix des deux solistes - la soprano Carmen Welter-Jander et le ténor Tom Osborne - furent impeccables et le choeur sut convaincre: le ton fut donné. Mais quel ton délicat et subtil.Le "Tu es Petrus"pour baryton solo et choeur mixte, une antienne qui affirme la primauté de Pierre et de ses successeurs, les papes, permettait à Luc Nilles de faire vibrer sa voix profonde à la chaleur toute solennelle.Il sut procurer un court mais intense moment de bonheur véritable au public admiratif.En troisième lieu, l'"Ave Maria" pour deux sopranos, op. 93. Ce motet date de la période où Fauré fréquentait les salons parisiens. Voici ce que le compositeur lui-même en pensait: "Cet Ave Maria est plus destiné, par son caractère, à la chapelle ou au salon, qu'à une grande église". Et le mariage parfait des deux voix solistes - la soprano Carmen Welter-Jander et l'alto Isabelle Heischbourg -mêlées qu'elles étaient au doux tapis sonore produit par la harpiste Geneviève Conter, sut reproduire cette atmosphère intimiste qu'avait jadis réclamé le grand musicien.Dans le "Tantum ergo", les trois voix de femmes demandées par Fauré furent remplacées par la voix unique du choeur, et pour le plus grand bonheur de l'auditoire qu'autant de charme harmonieux, quine cédait jamais à la tentation d'une expressivité confinant à la sensiblerie, ne pouvait que ravir.- Suivait "En prière", pour une voix, composé sur une poésie de Stéphan Bordèse. Initialement conçu pour piano, ce fut la harpiste Geneviève Conter qui tissait les fils sonores acconmpagnant la toile vocale produite par le ténor Tom Osborne. Leur interprétation fut d'une grande délicatesse, précise, fine, subtile. - Pour conclure cete première püartie du concert: "Le Cantique de Jean Racine" op.11. Cette oeuvre de l'extrème jeunesse du musicien lui valut un premier prix de composition. Dans ce premier essai d'écriture à quatre voix, Fauré trouva d'emblée le style des grandes compositions polyphoniques du passé. Et la chorale sut trouver d'emblée une pureté et une noblesse de ton qui étonnait par sa gravité. Quelle belle rigueur aussi dans le jeu des "Musiciens". Les deux ensembles surent insuffler une véritable lumière intérieure à ce captivant cantique.
La deuxième partie de la soirée fur entièrement réservée au Requiem, op.48. C'est l'oeuvre la pus célèbre du musicien. La douceur qui domine, malgré certaines pages de grandeur expressive, fait plutôt songer à l'évocation des antiques Champs Elysées où séjournaient les ombres heureuses.La chorale St.Michel parvenait avec grande intelligence à rendre palpable cette tension ténue entre sensibilité à fleur de peau et passion souterraine...Combien doux fur le murmure des voix dans l'Introït initial où, après l'unisson en force de l'orchestre, elles soufflèrent:"Requiem aeternam". Et lorsque le baryton Luc Nilles entamait son solo soutenu par des harmonies mouvantes dans le grave, le plaisir du public atteignit son comble. Dans le "Sanctus", le climat changeait. Sur un fond de magnifiques arpèges se développait la mélodie partagée entre voix féminines et masculines se répondant - mélodie rendue dans toute sa pureté, sa simplicité, les sons se déplaçant à peine, tandis que la violoniste Fabienne Welter jouait une belle réplique en solo.Le discors fut interrompu par le Hosanna éclatants ponctués par de magnifiques accords que soutinrent les cuivres. Confié au soprano solo, le "Pie Jesu" qui suivait est l'une des pages les plus célèbres du Requiem. Que la voix de la soliste résonna tendrement et combien elle émut l'ouïe, le coeur et l'âme de chaque auditeur.Le "Libera" apportait une note tragique par son martèlement obstiné à la basse.Et de nouveau Luc Nilles mit en évidence son grand talent par un solo très lyrique. Dans la conclusion de l'oeuvre, "In Paradisum", la ligne mélodique des sopranos acquit une qualité très dépuillée et s'élança purement sous les voûtes de l'église St.Michel, bientôt assisté par le choeur entier. L'organiste Alain Wirth, au sein de brefs arpèges, ponctuait cet ensemble harmonieux qui s'éteignit dans la sérénité. Nogo
