Grand Concert 150e anniversaire (Tageblatt)
TAGEBLATT DU 11 NOVEMBRE 2000
Hommage à Mozart, hommage à un choeur exceptionnel
L'hommage rendu à la Chorale Saint-Michel, était émouvant à plus d'un titre: D'abord parce qu'il n'est pas si courant de pouvoir fêter une aussi « vieille dame » mais aussi parce les uns et les autres: chanteurs, conseil d'administration et surtout son chef actuel Gerry Welter qui dirige la chorale depuis quarante ans, y croient de toutes leurs forces.
Le président du Conseil d'administration Guy de Muyser, avec un certain humour cachant son émotion, a eu des mots très forts pour remercier tous les soutiens et les acteurs de cette vénérable institution et en particulier Gerry Welter qu'il a décrit comme , un magicien de la baguette, (sans baguette!) et un fédérateur qui rend cohérent l'apport individuel de chacun des choristes"... et d'ajouter: ,Ah! Si l'Europe pouvait en faire autant!"
L'Auditorium- du Conservatoire était trop petit pour accueillir les nombreux mélomanes. Mozart à l'affiche: de quoi allécher le public!
------------- Un concert de grande classe ----------------
Si toutes les oeuvres étaient de facture religieuse, Gerry Welter avait parfaitement choisi les pièces qui ont mis en valeur les choeurs et les solistes. L'homogénéité du timbre des choeurs apparaît dès la première-pièce, le Regina Coli, K.276: Puissance et douceur s'y conjuguent admirablement et en font toute la beauté. Ces qualités deviennent particulièrement évidentes dans le bis, le mer-veilleux Ave Verum, K. 618, qui créera la plus forte émotion. Les membres de la chorale Saint-Michel renforcés par l'Ensemble vocal Saint-Paulin de Trêves ont véritablement été au coeur de cette manifestation. Ils ont prouvé une fois de plus l'authenticité de leur démarche pour la musique et vers elle.
Des voix travaillées et harmonieuses sont déjà un bel atout, mais si on y ajoute la conviction et l'investissement de chacun, alors le résultat ne peut être que remarquable. C'est bien ainsi que le publie a vécu les instants de recueillement et de 'joie de la merveilleuse Messe en ut, K.427. Cette messe qui n'est pas achevée en tant que pièce liturgique (il y manque entre autre la majeure partie du Credo), est cependant représentative d'une période heureuse de la vie de Mozart et certaines de ses fugues révélant sa découverte de Bach, sont jubilatoires.
« La Banda, Orchester fur Musik des 18. Jahrhunderts » qui s'était jointe aux choeurs pour la circonstance, est une formation de professionnels de grande qualité avec laquelle Gerry Welter s'est dit enchanté de travailler. Les instruments baroques ont fait merveille dans cette musique apportant un éclairage nouveau de Mozart. Ainsi, les sonorités douces des vents sont plus près du timbre des voix, et Gerry Welter a su combiner harmonieusement instruments et chant.
Le choix de la grande soprano anglaise Emma Kirkby pour ce programme n'a pas été fortuit. C'est une des très grandes spécialistes de la Renaissance et du Baroque. De prime abord, son timbre surprend quelque peu par sa transparence et sa légèreté, mais elle chante avec beaucoup de dynamisme et une facilité étonnante. Elle passe très naturellement des accents de la musique baroque à ceux de la musique classique.
Mariette Kernmer, une fois encore, a prouvé son intelligence du monde mozartien. Avec son timbre velouté, tout en rondeur, elle a parfaitement su s'adapter au texte latin, et les deux sopranos ont été magnifiques dans l'antienne Sub Tuum Praesidium, K. 198: un grand moment!
--------------- Belle prestation du ténor de Mey -----------------
Il faut aussi retenir la très belle prestation du ténor Guy de Mey dans la Messe en ut, mais surtout dans un extrait, interprété avec beaucoup de subtilité, de la cantate Davide Penitente, K.469, oeuvre dans laquelle Mozart reprend toute sa musique de la messe donnée une seule fois à Salzbourg et inconnue du public viennois, à l'exception de deux arias écrits spécialement pour cette cantate, dont celui chanté par Guy de Mey. Citons également l'alto Annette WollwertGoerens et la basse lonel Pantea qui, malgré des interventions plus courtes, n'ont pas démérité.
Si Gerry Welter se définit plus volontiers comme chef de choeur que comme chef d'orchestre, il a n'a pas, pour autant, manqué de souffle tout au long de ce concert, tenant avec efficacité et rigueur les différents groupes, les mettant tour à tour en valeur, en se jouant des difficultés imposées par certaines fugues particulièrement redoutables. Son magnifique travail a été ovationné par un public ravi et heureux.
Monique Bonati
