Fréijors-Concert (a cappella)
LUXEMBURGER WORT DU 13 JUIN 2001
Un concert magnifique
La Chorale Saint-Michel et le Luxembourg Philharmonic Brass Quintet
Un soir doux et lumineux, 1'incomparable cadre de l'église Saint-Michel et des musiques exquises, lyriques, saisissantes chantées par une chorale a cappella admirable alternant avec la sonorité étincelante d'un quintette de cuivres de renomrnée: quel festin pour 1'esprit de ceux qui se sont donné le plaisir d’y assister. L’on n'était pas très nombreux, mais les applaudissements tonitruants qui ont salué toutes les merveilles que nous ont offertes la Chorale Saint-Michel et le Luxembourg Philharmonic Brass Quintet ne donnaient pas lieu au doute - le public était unanime dans son appréciation d'un concert simplement magnifique et émouvant. Le chant des voix sans accompagne- ment, si difficile à réussir hors du monde professionnel des Tallis Scholars, King's Singers et autres, fait frémir le coeur - parce que là , nous écoutons le son de la vie humaine elle-même. La musique, c'est bien de l'air en vibration; mais ce qui fait vibrer cet air dans le chant a cappella, e'est le fonctionnement vital du corps humain, sans plus. Naturellement, pour atteindre la qualité de communication intellectuelle, expressive et émotionnelle qui nous a ravis ce soir, il faut bien plus que des poumons qui font leur travail de respiration. Gerry Welter travaille déjà depuis quatre décennies avec ce trésor national qu'est la Chorale Saint-Michel; l'expérience du chef se fait remarquer. Mais une chorale ne peut pas donner ce que les voix de la chorale ne donnent pas.
Les choristes sont à fé1iciter sans ambages après ce qu'ont donné leurs voix, sans effort apparent, dans ce programme kaléidoscopique de pages de Dvorak et Stanford, imprégnées de l.'esprit réligieux de Bach (mais sans pastiche! - Reger), pleines de sagesse triste et souriante (les Shakespeare Songs de Jeppesen) ou du plus sublime mysticisme catholique (Bruckner).
Tout cela a été joliment complété par des oeuvres pour cuivres de compositeurs nord-américains, anglais et russes (deux mouvernents d'une fascinante symphonie qui est, apparemment, la toute première oeuvre jamais conçue spécifiquement pour quintette de cuivres), une suite enchanteresse de danses hongroises anciennes, et deux arrangements de Claude Debussy. Tout cet impressionnant programme était un cadeau remarquable: le motet Os justi de Bruckner et The Blue Bird de Stanford tout particulièrement. La mauvaise déclamation de la plupart des textes chantés nous a cependant franchement irrité - une interprétation aussi soignée et nuancée de pas moins de 22 textes poétiques mérite de partager toutes les finesses avec l'auditeur.
Du point de vue intonation, la chorale, malgré l'énormité de sa tâche, a vraiment donné l’impression de ne rien forcer et de réaliser toutes ces prouesses, avec Dvorak, Reger, Jeppesen, Bruckner Stanford, comme si c'était la chaose plus naturelle au monde. I concert était couronné par la stupéfiante version des virtuosissimes Five Flower Songs de Benjamin Britten qui ont fait éclater de rire l’auditoire, après ce glissando final de Green Broom - un crie de joie de vivre, un hurlement de force printanièere.
JRB