Requiem de J.D.Bomtempo
TAGEBLATT DU 14 NOVEMBRE 2001
Allerséilen-Concert à l'Eglise Saint-Michel:
Requiem de Bomtempo
La Chorale Saint-Michel et l'Ensemble Les Musiciens ont récemment interprété le Requiem a Memoria de Camões du compositeur portugais João Domingos Bomtempo (1775-1842).
Bomtempo terminait son Requiem op.23 en 1820. Or, pourquoi avoir choisi Camões (1524?-1580) comme dédicataire? Pour comprendre cela, il faut savoir que le ministre de Portugal à Paris, M. de Sousa, venait de réaliser une édition de luxe des Lusiadas, œuvre maîtresse du "poète national" portugais. Cette énorme entreprise avait forcé l'admiration de ses compatriotes, tant par la qualité de son travail que par son engagement au service d'un symbole national.
Bomtempo n'est vraisemblablement pas resté insensible à toute cette atmosphère nationaliste. Il a dû se sentir poussé à saluer à son tour ce prince des poètes dont la vie et les idées devaient lui sembler correspondre de façon singulière à ses propres convictions et expériences.
Mais avant ce Requiem et pour habituer l'ouïe du public à la résonance particulière de l'Eglise Saint-Michel, Gilles Leyers jouait en guise d'introduction des pièces pour orgue de quelques compositeurs portugais moins connus, comme Heliodoro de Paiva (?-1552), Antonio Carreira (1525-1599) ou Carlos de Seixas (1704-1742). Tous ces morceaux parlaient un langage éloquent, nostalgique et gai, fignolé et méditatif en même temps.
Dès les premières mesures du Requiem aeternam, on pouvait être frappé par la belle harmonie qui régnait entre Les Musiciens et la Chorale Saint-Michel, une concordance qui durait jusqu'à la fin. La direction concentrée et précise de Gerry Welter ne fut certainement pas innocente à cet accord mutuel.
Il y eut certains points forts, comme la montée en puissance du chœur entier lors du Kyrie eleison, ou encore la belle fugue au rythme parfait du Judex ergo. Les quelques apparitions des solistes - Patricia Frères, soprano; Isabelle Weis-Heischbourg, alto; Jean-Paul Majerus, ténor; Jeff Speres, basse la - ajoutaient encore à la beauté de l'équilibre sonore final.
Ce Requiem mériterait certainement d'être joué plus souvent, car des 18 parties constituantes, il n'y en a aucune qui ne rayonne d'un charme musical tout particulier, mélange classique et lusitanien que les deux ensembles luxembourgeois ont su mettre en évidence tout au long du concert.
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