Musek am Syrdall
LUXEMBURGER WORT DU 14 JUIN 2002
"Musek am Syrdall"
La beautée étincelante de la musique religieuse
La Chorale Saint-Michel et l'American Horn Quartet en l'église paroissal de Mensdorf
Une après-midi avec la chorale Saint-Michel, dont on connaît les qualités musicales et interprétatives est toujours un événement réjouissant; souplesse et musicalité, sens du rythme et du style caractérisent l'art de cette chorale aussi à l'aise dans la complexité des oeuvres baroques et classiques que dans la poésie d'un néo-romantisme lyrique. Sous la direction nuancée et dynamique de Gerry Welter la chorale a une fois de plus réussi à enthousiasmer le publie. Varié mais restant toujours dans le cadre noble de la musique classique et religieuse, le programme comportait également plusieurs oeuvres instrumentales. L'«American Horn Quartet» se montra d'une grande précision et d'une expressivité parfaitement adaptée à la musique de Bach dans des interprétations pleines d'allure et de dynamisme. Le quatuor nous a séduits par sa richesse sonore et par son jeu d'ensemble clair et attentif. On regretta un peu de ne pouvoir entendre ces excellents musiciens dans une composition originale, vraiment écrite pour eux. Il est en effet et plus aisé d'apprécier un tel quatuor, typique d'une conception musicale relativement récente, dans les méandres inattendus de la composition actuelle. Ici, le caractère du programme ne le permettait évidemment pas. On dut donc se contenter d'arrangements de très bon goût, harmonieux et équilibrés. L'orgue ne peut pas être absent d'un tel événement, et Alain Wirth nous interpréta le «Veni creator» de Maurice Duruflé dans un jeu lyrique aux couleurs chatoyantes.
La première partie du concert était entièrement dédiée à la musique russe, une musique rendue dans sa splendeur nostalgique, animée par cette spiritualité profonde qui émane de crescendi portés par une aspiration inassouvie et de diminuendi qui se perdent dans l'impalpable. Cette exécution tellement proche des interprétations russes avait de quoi étonner par ses intonations parfaites, par l'atmosphère prenante qui s'en dégageait. Il est vrai que la chorale Saint-Michel connaît bien cette musique puisqu'elle a enregistré un disque consacré à la musique liturgique orthodoxe russe. On écouta deux compositions de Serge Rachmaninov «Priiditie» et «Kbogorodize». D'emblée les auditeurs se trouvaient plongés dans une ambiance d'une douceur suave qui s'épanouit graduellement et non sans théâtralité vers des forte exaltés. Rachmaninov sait comment employer les couleurs des timbres - son écriture est merveilleuse pour la voix. Les chants et hymnes qui suivirent exprimaient le même esprit religieux souvent grandiose, et les oeuvres d'Alexandre Archangelski, Dobri Christov (compositeur bulgare), Nicolas Kedrov (père et fils) transmettaient le même souffle inspiré.» «Otche nache» de N. Kedrov senior dont le début à la lenteur monotone faisait penser à une prière chantée, se développa avec un élan dramatique.
L'«American Horn Quartet» fit son entrée avec une «Fantaisie» de Jean-Sébastien Bach, une œuvre interprétée avec exactitude et musicalité. Lignes mélodiques soutenues et transparence dans les parties d'accompagnement laissaient ressortir l'invention dans sa magnificence. Le quatuor se montra tout aussi sûr et accompli lorsqu'il se joignit à la chorale dans le motet «Das ist meine Freude» de Johann Ludwig Bach, une pièce où
chanteurs et musiciens s’unirent dans une même virtuosité colorée et jubilante. La première partie du programme se termina par trois compositions de Jean-Sébastien Bach. La «petite» fugue en sol mineur BWV 578, une transposition d'une fugue pour orgue, se prêtait très bien à l'exécution par quatre cors. Un parfait équilibre entre les cornistes fit renaître l'unité d'une musique créée pour un seul instrument. D'une intensité éloquente, en gardant un sens de la mesure et du volume remarquables, les musiciens ont rendu cette fugue avec souplesse, tout en affirmant sa structure. Diversité expressive, mélodie soutenue et pleine de charme, jeu dynamique aux forti radieux, la «petite» fugue forma l'introduction séduisante aux autres oeuvres de Bach où les instrumentistes montrèrent la même élégance et la même simplicité lumineuse dans un jeu d'ensemble limpide et harmonieux.
Après la pause, le programme était plus diversifié; couvrant une époque qui engloba la période romantique, postromantique et les débuts de la musique moderne, allant de Johannes Brahms (1833-1897) à Benjamin Britten (1913-1976) et Maurice Duruflé (1902-1986).
La musique allemande était représentée par Johannes Brahms, Anton Bruckner et Max Reger. Méditative, pleine de recueillement et d'émotion, elle exprimait la simplicité au seuil des choses essentielles. Après «Ach arme Welt» de Johannes Brahms on écouta «Os Justi» d'Anton Bruckner puis un «Ave Maria» du même auteur. Une très belle composition qui débuta par un choeur de femmes à trois voix à la sonorité souple et légère; elles furent suivies par les voix d'hommes lors du «et benedictus»; les deux groupes réunis chantèrent la finale «Sancta Maria, Mater Dei» avec une exaltation bien dans l'esprit du dix-neuvième siècle. «Gehe hin in Deine Kammer» de Max Reger toucha par sa spiritualité, par ses harmonies raffinées, par son espoir de résurrection.
Une toute autre atmosphère se fit jour dans le «Cantique de Jean Racine» de Gabriel Fauré. Quel joli titre! Il nous permit de reconnaître la noblesse et la limpidité classique du langage de Racine dans la composition claire et polyphonique. L'oeuvre était certes classique, mais respirait déjà un esprit moderne avec ses arpèges fauréens fluides, si bien joués par la pianiste. Ce cantique écrit pour quatre voix mixtes et piano (ou orgue) ravit par sa mélodie et ses couleurs subtiles. On écouta ensuite un «Pater noster» de Gerry Welter, harmonieux et d'une profonde sensibilité, puis «A Hymn to the Virgin» de Benjamin Britten, poétiqu
