Allerséileconcert 2002 "Le chant des âmes"
LUXEMBURGER WORT DU 07 NOVEMBRE 2002
Le chant des âmes
La Chorale Saint-Michel et l'ensemble "Les musiciens" avec des oeuvres de J. Chr. Fr. Bach et Ferdinand Schubert
Le dixième concert du Jour des Morts organisée par la chorale Saint-Michel fut une grande réussite. Deux très belles oeuvres furent présentées : le « Miserere » de Johann Christoph Friedrich Bach et le « Requiem » de Ferdinand Schubert. Le premier compositeur est l’avant-dernier fils de Jean Sébastien et l’autre est le frère de Franz Schubert.
En plus du choix très propice des oeuvres on avait à faire à des artistes exemplairement engagés et soigneux, à commencer par le chef Gerry Welter qui sait toujours nous faire partager sa maîtrise musicale radieuse, ferme et agile. Son autorité faisait concorder l’orchestre « Les musiciens » et la chorale Saint-Michel avec naturel et précision. La perle de la soirée fut certainement la soprano Noémie Desquiotz-Sunnen. Certains l’ont découverte d’autres redécouverte. On se laissait émerveiller par la qualité de son timbre et de sa maîtrise vocale. Les talent de l’alto Anette Wolwert et du ténor Marc Dostert ont également tenu leur promesses. La jeune basse David Pike a su démontrer une certaine efficacité et la garantie d’un bel avenir. En somme, le fait de rassembler uniquement des artistes luxembourgeois ou actifs au Luxembourg est toujours intéressant et sympathique, surtout quand les prestations musicales sont de qualité.
Les deux ouvres au programme mériteraient une plus grand réputation. Elles s’associent parfaitement à la célébration de la Toussaint.
Le « Miserere » de J. Ch. Fr. Bach est d’un lyrisme des plus subtiles. Son style se situe effectivement entre le père Bach et l’« Empfindsamkeit » ou encore Mozart. Les douze mouvements, en alternance équilibrée entre choeur et solistes ravissaient par leur aspect aérien et le rythme était soutenu mais jamais figé et fidèle aux phrasés. L’articulation du choeur n’obscurcissait aucunement les paroles et faisait office de moteur.
Les solistes donnaient au texte une signification touchante grâce à un phrasé inspiré. On retiendra sûrement le duo alto-soprano, un « Libera me » raffiné, élégant et véridique. Le ténor et l’alto interprétaient aussi le texte dans son sens profondément expressif.
Tandis que l’oeuvre de Bach restait sur des lignes expressives légères et élevées, le « Requiem » de Ferdinand Schubert témoignait d’un langage plus poignant, plus tellurique. La direction de Gerry Welter qui s’imposait en maître fut donc plus musclée et contrastée. Les intervention du choeur étaient « violents » et le rendu musical fut d’autant plus étonnant. Par moments on aurait cru se trouver au beau milieu d’oeuvre de Mozart ou encore Haydn. De cette impétuosité pourtant souple se dégageaient des parties solos bouleversantes. Les timbales accentuaient ces contrastes.
On retiendra de cette soirée tant l’intérêt de la programmation que l’émotion de l’interprétation.
Greg Foetz
