Un concert empreint de spiritualité. (Allerséileconcert 2011 / LW 5.11.201)
Avec la Chorale Saint-Michel et l’Orchestre de chambre du Luxembourg
La musique de Johann Adolf Hasse et de Michael Haydn, exécutée avec élan, dans une entente harmonieuse entre chanteurs et orchestre, a éclairé le jour des morts 2011 d'une lumière aussi expressive qu'intériorisée. Le cadre de Saint-Michel avec ses flamboyances baroques lui offrait un entourage festif dans une ambiance chaleureuse et solennelle. L'archevêque de Luxembourg, Monseigneur Jean-Claude Hollerith, ainsi que de nombreuses personnalités de la ville et de l'Etat, étaient présents lors de ce concert ressenti et éloquent.
La chorale Saint-Michel, véritable chorale d'église, fidèle à sa vocation première, assure l'encadrement musical des offices religieux à l'église Saint-Michel tout en donnant régulièrement des concerts de musique sacrée.
Elle atteint un niveau et une intensité qui enchantent l'auditeur. Attaques précises, dosages sonores pleins finesse: la chorale offre une interprétation d'une grande justesse expressive. La sonorité homogène, l'équilibre soutenu entre voix d'hommes et voix de femmes, le fluide naturel d'un phrasé sans emphase, convenaient à l'atmosphère religieuse, à l'intemporalité de la liturgie
«Les Musiciens», sous la direction de Gerry Welter, apportaient leur style plein de vie, - un relief dynamique qui accentuait les timbres et couleurs des instruments solistes dans les interludes et accompagnements nettement dessinés et pleins de fraîcheur.
Un élan flamboyant de la chorale
Gerry Welter dirigeait choeur et orchestre avec maîtrise; son dynamisme donnait un relief évident et une densité dramatique réelle à la partition.
On écouta d'abord le Miserere en ut mineur de Johann Adolf Hasse (1699-1783). Le premier mouvement, riche en chromatismes, y exprime l'oppression du péché à laquelle le croyant voudrait échapper. La soprano Véronique Nosbaum, voix très pure, cristalline, chantait «Soli te peccavi» de façon instrumentale et sensible. Le duo «Libera me» avec l'alto Anaïs Brullez, voix expressive et chaleureuse, était suivi d'un élan flamboyant de la chorale, que Welter dirigeait avec clarté, accentuant l'aspect positif de la composition - une prière de regret qui évolue vers l'espoir - pour s'achever dans un «Gloria» jubilant.
Les quatre solistes s'exprimaient avec conviction et aisance; le baryton David John Pike s'imposa par une voix puissante, libre, d'un timbre magnifique.
Une douleur présente et pressante
La messe de Requiem en ut mineur de Michael Haydn (1737-1806) est une oeuvre d'une grande profondeur.
La douleur y apparaît présente et pressante dans le rythme funèbre initial; la musique d'une richesse expressive encore magnifiée par l'acoustique d'église, s'y inspire du chant grégorien.
Le «Requiem aeternam» du choeur, accompagné par les syncopes des violons, était suivi d'un très beau Kyrie, où chorale et solistes alternaient en échanges dramatiques.
La soprano lumineuse, en dialogue avec l'alto, le ténor (Benoît Porcherot, voix harmonieuse et bien timbrée) et le baryton éloquent, entourés par un orchestre aux couleurs fortes, qui magnifiait les textes chantés, donnaient une diversité puissante au «Dies Irae» qui se termina par un «amen» avec vocalises en imitations.
L'élan spirituel du «Sanctus» avec la mélodie grégorienne chantée par les solistes, évolua vers un «Hosanna» triomphant.
Tout au long de la messe, on admira les nuances de l'orchestre, la beauté gracieuse, vive, parfois dramatique d'un style qui reflétait l'esprit baroque.
C'est par un choeur fugué d'une remarquable précision, «Cum sanctis tuis in aeternam» chanté de façon convaincante, que ce concert religieux se termina de façon somptueuse.
Hilda van Heel
