Un „intérim″ de cinquante ans
Chorale Saint-Michel: 160 - Gerry Welter: 50
par Ariel & Guy Wagner (Kulturissimo 7.4.2010)
par Ariel & Guy Wagner (Kulturissimo 7.4.2010)
Nombreux étaient ceux qui s'étaient donné rendez-vous à l'église Saint-Michel, le 14 mars dernier, pour marquer un double anniversaire: les 160 ans de la Chorale St.-Michel et les 50 ans de Gerry Welter comme son directeur musical.
Fondé donc en 1850, le "Mëchelschouer" fut à l'origine un chœur d'hommes. Il s'est transformé progressivement en la chorale mixte d'une soixantaine de voix que nous connaissons aujourd'hui. Bien que son attache principale soit l'église St.-Michel- où a lieu chaque année le très apprécié "Allerséileconcert" - la chorale se produit aussi à l'étranger, ayant présenté, e. a., des chants orthodoxes en Russie et le "War Requiem" de Britten à Berlin.
Comme l'a rappelé son président, Guy de Muyser, l'association de Gerry Welter avec la chorale a commencé lorsque celle-ci cherchait un nouveau chef en 1960. On a persuadé le jeune musicien, âgé alors de 19
ans, d'assurer un intérim de trois mois. Cinquante ans plus tard ce partenariat demeure et reste créateur. Que ce soit dans des œuvres moins connues du répertoire choral - le directeur ne manque pas d'innover - ou dans les grands classiques, le "Mëchelschouer" est synonyme d'excellence. La soirée anniversaire, consacrée à Johann Sebastian Bach, en a fourni une nouvelle preuve.
Au programme: quatre cantates, composées entre 1723 et 1731 et basées sur des textes qui n'atteignent pas toujours, et de loin, des sommets littéraires: difficile de ne pas sourire lors d'un air où la soprano répète: .Wann kommst du? Wann kommst du?" et le baryton: .Jch komme! Ich komme!"... Mais l'engagement total des quatre solistes - la radieuse (et bien nommée) Katharine Fuge, soprano, l'excellent haute-contre Clint van der Linde, Jan Kobow, au ténor expressif, et Peter Harvey, un baryton au phrasé exceptionnel - a vite fait oublier ces petites velléités.
L'orchestre baroque "La Banda" jouant sur des instruments historiques, est bien connu au Luxembourg. Il a participé en 1995 à la "Création" de Haydn, très prisée, et a aidé en 2000 la Chorale Saint-Michel à fêter son 150e anniversaire avec une mémorable "Grande Messe"en ut mineur de Mozart. Nous avons encore pu constater que les sonorités et couleurs des instruments historiques ont créé une ambiance ... qu'on hésiterait à qualifier de "spirituelle", mais qui en tout cas n'a pas manqué d'émouvoir.
Que dire de la prestation de la Chorale Saint-Michel - sauf qu'elle a été égale à elle même: équilibrée, haute en couleur et alerte aux indications de son chef?
Et ce chef, il sait ce qu'il fait. Il a une conception claire et bien structurée des œuvres, de même que l'autorité née d'un dévouement total à la musique et d'une complicité totale avec ses chanteurs. Ainsi il a pu présenter du Bach pur-sang, et ce fut un régal. Dans sa préface au programme, la ministre de la Culture a écrit que "la Chorale Saint-Michel et Gerry Welter sont des acteurs incontournables de notre vie musicale." Elle a raison. Qu'il en soit encore longtemps ainsi.
